Revue Italienne d'Etudes Françaises (Dec 2016)

Jacques Decour, le visage oublié de la Résistance

  • Grazia Tamburini

DOI
https://doi.org/10.4000/rief.1215
Journal volume & issue
Vol. 6

Abstract

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Cette contribution vise à sortir de l’ombre une figure de romancier dont le talent avait été aussitôt reconnu par la critique de son époque et qui a par la suite survécu moins dans l’histoire des lettres françaises que dans la mémoire de quelques lecteurs avertis. Lorsqu’il meurt fusillé par les Allemands à trente-deux ans, Jacques Decour, brillant germaniste, rédacteur en chef de la revue Commune , responsable du Comité National des Écrivains, rédacteur de la plus importante revue de la France occupée, La Pensée libre, cofondateur avec Jean Paulhan de la revue Les Lettres Françaises, qu’il ne parvint pas à voir, laisse quelques écrits remarquables dont Philisterburg (1932), texte « inclassable » où il se met aux aguets de la montée du nationalisme en Allemagne, et deux romans, Le Sage et le Caporal (1930) et Les Pères (1936), qui seront l’objet de cet article. C’est une trajectoire menant de l’histoire de deux frères au seuil de l’âge de raison à l’histoire des « pères » dont l’enseignement ultime met l’accent sur l’importance de « se relier ». Dans une perspective littéraire, dépassant la lecture biographique, bien que méritoire, de « l’oublié des lettres françaises » (Pierre Favre, 2002), il vaut la peine de cerner les thèmes et les traits caractéristiques de l’écriture de cet auteur, véritable point de départ de la Résistance intellectuelle, dont Vercors a écrit : « Sans lui, il n’y aurait eu ni Éditions de Minuit, ni même Le Silence de la mer ».

Keywords