Pitannâ Lìteraturoznavstva (Dec 2021)

Contre les tendances déformantes : ouvrir la langue italienne aux poèmes de Rimbaud

  • Ornella Tajani

DOI
https://doi.org/10.31861/pytlit2021.103.110
Journal volume & issue
no. 103
pp. 110 – 123

Abstract

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Dans son ouvrage La Traduction et la Lettre ou l’auberge du lointain, Antoine Berman affirme que la traduction doit ouvrir l’Étranger « à l’espace de langue » de celui ou celle qui traduit afin de pouvoir le recevoir dans une sorte d’« auberge du lointain » : en s’appuyant sur l’expression du poète troubadour Jaufré Rudel, l’auteur propose d’envisager l’espace traductif comme un lieu d’accueil pour l’étrangeté du texte de départ ; traduire la « lettre » du texte veut donc dire respecter cette étrangeté et produire une « traduction éthique ». Or, afin de tracer des pistes pour atteindre ce but, Berman esquisse treize « tendances déformantes », à savoir des tendances à éviter pour ne pas détruire la « lettre » du texte : la rationalisation ; la clarification ; l’allongement ; l’ennoblissement et la vulgarisation ; l’appauvrissement qualitatif ; l’appauvrissement quantitatif ; l’homogénéisation ; la destruction des rythmes ; la destruction des réseaux signifiants sous-jacents ; la destruction des systématismes textuels ; la destruction (ou l’exotisation) des réseaux langagiers vernaculaires ; la destruction des locutions et idiotismes ; l’effacement de la superposition des langues. Dans cet article, nous allons porter notre attention sur l’analyse et la discussion de trois tendances déformantes – la rationalisation, la clarification et la destruction des systématismes –, repérées dans la traduction italienne qu’Ivos Margoni a faite du poème Roman d’Arthur Rimbaud, et nous essaierons de montrer en quoi cela altère la lettre du texte.

Keywords