Cahiers d’Études Romanes (Dec 2022)
Rappresentare un’organizzazione criminale senza conferirle dignità
Abstract
Dans la première moitié des années 1990, l’écho des bombes en réponse au Maxiprocesso est très présent dans la conscience nationale italienne. Dans le sillage de ces derniers, Andrea Camilleri dessine un personnage dont les principales caractéristiques génèrent facilement des attentes spécifiques : le commissaire Montalbano, un homme des institutions qui lutte contre le crime, en tant que Sicilien dans sa patrie. Une fiction littéraire qui, inévitablement, stimule la mémoire de nombreux hommes des institutions, enquêteurs et magistrats, mais de véritables précédents anti-mafia endeuillés. Mais le récit de l’écrivain de Porto Empedocle, sans pouvoir éviter la confrontation avec l’organisation criminelle par excellence, se fixe pour objectif de ne pas lui conférer une dignité antithétique, mais plutôt de lui attribuer un ton de fond. Une décision qui, à l’instar du langage utilisé, divise l’accueil selon des évaluations positives et négatives, voire amères. Les objections reçues dans la presse et de la part des critiques témoignent de la réalisation de l’objectif et mettent Camilleri dans le même sac que tous les écrivains insulaires dont les œuvres n’ont pas placé le problème de la mafia au centre. En revanche, il semble que personne n’ait souligné que ce ton de base est cohérent avec la période historique réelle dans laquelle s’inscrivent les récits de fiction, caractérisée par la “strategia della sommersione” qui, de 1993 à aujourd’hui, a marqué une nouvelle phase historique pour la mafia sicilienne.
Keywords