Astérion (Apr 2005)

La place de l’horizon de mort dans la violence guerrière

  • Général André Bach

DOI
https://doi.org/10.4000/asterion.88
Journal volume & issue
Vol. 2

Abstract

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Le général André Bach dans une réflexion sur l’« horizon de mort dans la violence de guerre » part d’une approche anthropologique du phénomène de violence et de la peur (quasiment biologique) qu’il engendre en soulignant les difficultés des sociétés occidentales à penser la mort. C’est l’État qui donne à la guerre un sens politique et sacré et qui crée les catégories fonctionnelles de la guerre (les concepts de paix et de guerre ne sont pas en eux-mêmes opérationnels). Dans le cadre d’une réflexion clausewitzienne sur la montée aux extrêmes, l’« extrême » pour le soldat est toujours sa propre mort (plus que celle de l’ennemi). Les notions de barbarisation et humanisation ne peuvent en ce sens rendre compte de la violence et de la peur radicales présentes dans toute guerre où le rôle du commandement est toujours de mettre en œuvre un degré de violence supérieur à celui de l’adversaire, sans aucune considération de « proportionnalité » de cette violence. La mise à distance technique ne diminue pas la violence mais l’augmente à proportion de l’éloignement de la peur. Seul le politique peut et doit mettre des limites à cette violence militaire par nature illimitée. La modernisation des armes ne relève jamais d’une humanisation du combat mais d’une recherche d’une violence plus efficace. L’entraînement du soldat en temps de paix n’est jamais entraînement à la violence mais apprentissage de savoir-faire et effort de constitution d’un groupe soudé, doté d’un bon moral. L’ordre et la formation tentent de limiter la sauvagerie mais il existe une constitution endogène de comportements propres au soldat, que la hiérarchie tente de canaliser dans une symbolique guerrière fondée sur le sentiment de l’honneur (destiné à compenser la peur d’être une proie vouée à mourir et à faire préférer la lutte au coude à coude sur l’instinct de conservation). Le couple violence/honneur fait que l’armée dépourvue de contrat social n’est pas soluble dans le politique (aujourd’hui dans les écoles militaires on ne parle plus d’« honneur » mais d’« éthique »…, mais pour dire la même chose). La conscription fut une rupture de la logique endogène de l’armée et introduisit une brèche dans ce système archaïque. Mais religion (au Moyen Âge) ou logique démocratique (de nos jours) s’avèrent surtout des « béquilles idéologiques » qui, en définitive, sont souvent plus efficaces pour accroître la barbarisation que pour l’éviter (exemple de la colonisation algérienne où une armée de paix, fonctionnarisée et rigoureusement canalisée, appartenant à une génération n’ayant jamais connu de violence de guerre, développe des massacres de masse).

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