Cygne Noir (Apr 2014)
Le reflet et le double face au miroir de l’autotextualité cinématographique dans l’œuvre de João César Monteiro
Abstract
Dans le domaine cinématographique, la métaphore du miroir trouve dans les mots de Maurice Merleau-Ponty l’un des plus précieux soutiens herméneutiques, surtout en ce qui concerne l’explicitation de la relation « chiasmatique » des individus avec eux-mêmes et avec le monde autour d’eux. L’image cinématographique nous permet de déchiffrer et de prélever, comme si on était face à un miroir, les individus et leurs modes d’agir. Mais le cinéma n’est pas que l’espace de la duplication par lequel le spectateur prend conscience de sa propre subjectivité et de son corps en tant qu’objet ; la métaphore spéculaire met également en avant certains traits de l’échange transtextuel et des mécanismes qui lui sont sous-jacents, tout en diffusant ses propres capacités dioptriques sur un plan dialogique, dans un jeu de renvois et reflets autotextuels assez complexe. J’analyserai ici le phénomène de l’autocitation cinématographique en m’appuyant sur les principaux chapitres de la filmographie de João César Monteiro (1939-2003), dont l’œuvre se caractérise par la pratique systématique des différentes stratégies appartenant au domaine de l’autoréflexivité. En ce qui concerne l’étude des occurrences autoréférentielles, j’identifierai plusieurs sous-articulations intertextuelles, soulignant la mise en abyme et ses modalités réflexives spécifiques. En effet, le but de cet article est de faire une analyse sémiotique des différentes stratégies par lesquelles l’autoréflexivité se manifeste, afin que je puisse délimiter une casuistique sommaire de ses manifestations filmiques, essayant de dévoiler la duplicité, les stratifications sémantiques et la réversibilité spéculaire de l’image autoréférentielle qui se voit soi-même tandis qu’elle voit autre chose.