Caliban: French Journal of English Studies (Sep 2016)

Living for the Dead in Henry James’s "Maud-Evelyn"

  • Thomas Constantinesco

DOI
https://doi.org/10.4000/caliban.5558
Journal volume & issue
Vol. 56
pp. 41 – 54

Abstract

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Dans "Maud-Evelyn" (1900), Henry James met en scène l’improbable mariage d’un aristocrate anglais désargenté et d’un fantôme. Décédée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, Maud-Evelyn Dedrick se voit offrir, par ses parents endeuillés, une vie posthume dont le point culminant est son union avec Marmaduke. Parvenus ainsi à trouver un héritier à qui transmettre leur immense fortune, M. et Mme Dedrick meurent à leur tour, bientôt suivis par Marmaduke qui laisse in fine son héritage entre les mains de son amie et confidente, Lavinia. La vie imaginaire de Maud-Evelyn aura donc d’abord servi à perpétuer la fortune familiale : toujours déjà absente, celle-ci apparaît comme la femme idéale et semble conforter la logique nécrophile qui sous-tend l’économie patriarcale de l’Angleterre victorienne. La revenance de cet étrange fantôme génère cependant une série de troubles dans le genre qui viennent contrarier la dynamique héréditaire censée régir la circulation des richesses pour lui substituer un modèle de transmission que l’on pourrait qualifier de queer. Dans l’un et l’autre cas toutefois, la lecture vise la mise au jour d’un secret supposément dissimulé dans les plis du récit et l’interprétation postule que l’absence est le signe paradoxal d’une présence cachée. Or la structure du conte empêche cette herméneutique du soupçon en même temps qu’elle l’encourage en ne cessant pas de différer l’accès aux "trésors extraordinaires" accumulés en mémoire de Maud-Evelyn qu’il ne nous sera jamais donné de contempler. Pour finir, c’est la "légende" de Maud-Evelyn elle-même, l’idée d’une absence toujours présente, qui prend la forme d’un quasi-objet au gré de sa circulation entre les personnages, le narrateur et le lecteur.

Keywords