Babel: Littératures Plurielles (Dec 2018)

Guerre future ou passé qui ne passe pas ? Quand L’An 330 (Maurice Spronck, 1894) remet les compteurs révolutionnaires à zéro : Les socialistes au pouvoir (Hippolyte Verly, 1898) ou Tintin au pays des soviets

  • Laure Lévêque

DOI
https://doi.org/10.4000/babel.5875
Journal volume & issue
Vol. 38
pp. 37 – 67

Abstract

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Le gros demi-siècle qui précède la Grande Guerre voit fleurir toute une production de textes d’anticipation à plus ou moins grande portée qui fantasment des conflits ravageurs, internes et/ou externes, qui vont jusqu’à déchaîner l’apocalypse dans une France alors enfoncée dans la crise. Crise militaire avec l’humiliante défaite de 1870 qui révèle au grand jour le retard, tactique et matériel, de l’armée française, posant la question de l’indépendance nationale. Crise politique avec la récurrence d’attentats anarchistes particulièrement sanglants. Crise sociale avec la paupérisation des classes populaires, séduites par le socialisme, structuré en Internationale à compter de 1864. Cette situation explosive, où d’aucuns puisent des raisons d’espérer dans l’avènement du Grand Soir quand d’autres flétrissent la chienlit démocratique, réactive le rapport à l’héritage révolutionnaire et à ses leçons, ce dont témoignent contradictoirement les fictions du temps.

Keywords