Studii si Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice (May 2019)

L’ÉCRITURE DE LEÏLA SEBBAR ENTRE EXILE ET MÉMOIRE

  • Lorella MARTINELLI

Journal volume & issue
Vol. 1, no. 25
pp. 84 – 101

Abstract

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Dans l'œuvre de Leïla Sebbar - écrivaine née en 1941 à Aflou, un petit village rural pas loin d'Alger, l'origine et le destin apparaissent filtrés par une langue, le français, qui est à la fois masque et césure, distance rassurante, mais aussi possession et perte, exil et retour à la maison. La narrative sebbarienne est, en effet, l’expression d'un défi identitaire qui se construit dans l'espace d’un entre-deux culturel et géographique, venant s’inscrire comme le témoignage d'un statut de profonde duplicité historique et ontologique. En utilisant la voix argotique des quartiers de la banlieue parisienne, l’écrivaine se représente comme une croisée, un être fragmenté entre des lieux et la mémoire. Fille d'enseignants de français, Leïla Sebbar a vécu les années de son enfance et de son adolescence en Algérie. Or sa langue maternelle, selon sa volonté et les contingences historiques, est le français; l'arabe, idiome paternel rejeté depuis l'enfance, est une langue qu’elle n'a jamais voulu apprendre,. De ce refus il reste une trace bien marquée dans ses romans où la figure paternelle incarne toujours une condition de migration forcée, agitée par un sentiment de nostalgie et de retour.

Keywords