Belas Infiéis (Apr 2014)
LE GALICIEN, UNE LANGUE PRISE EN ÉTAU?
Abstract
Avec plus de 240 millions de locuteurs, le portugais est sans contredit une langue de grande importance à l’échelle planétaire. Et c’est sans conteste le Portugal qui est à l’origine de sa diffusion mondiale. Toutefois, on oublie trop souvent que cette langue n’est pas exactement née dans le territoire actuel du Portugal, mais bien dans le nord-ouest de la péninsule ibérique, plus précisément dans la région qui constitue aujourd’hui la Galice. L’émergence du Portugal et de l’Espagne en tant que royaumes puis États-nations a fait en sorte que la langue parlée dans la frange ouest de la péninsule ibérique s’est scindée en deux, donnant naissance, du moins dans l’imaginaire collectif, à deux langues : le portugais et le galicien. Après plusieurs siècles d’évolution parallèle, un courant idéologique voudrait les voir réunies. D’une part, les tenants de cette approche, les réintégrationnistes, prônent l’épuration de la langue des castillanismes et la mise en vigueur d’une norme écrite plus proche de celle du portugais. D’autre part, les isolationnistes (ou autonomistes, selon le point de vue) prétendent que le galicien est aujourd’hui une langue à part du portugais et qu’une réintégration pourrait entraîner l’étiolement et ultimement sonner le glas de cette langue en risquant son absorption par le portugais.