Transposition (Jan 2018)
La musicologie des processus de composition
Abstract
Les sciences sociales de la musique ont eu bien raison de critiquer les soubassements normatifs de la culture musicale classique, au cœur desquels se trouve la figure du compositeur, autorité absolue au xxe siècle. Mais il ne suffit pas d’identifier des objets nouveaux et de combattre l’invisibilisation académique des musiques jugées autrefois illégitimes pour être quitte de la sacralisation de la composition, il faut aussi comprendre ce que cette pratique a de spécifique, quels savoirs elle engage, quels modèles de ce qu’est la musique elle performe, bref changer de focale et aller au plus près de la composition comme pratique. En dépit de l’importance que la musicologie accorde traditionnellement aux compositeurs et aux œuvres, cette démarche est restée rare et généralement limitée aux archives des compositeurs consacrés par le canon. Cet article propose un parcours épistémologique et méthodologique tout d’abord dans la littérature scientifique consacrée à l’analyse de la pratique compositionnelle, puis dans un ensemble de recherches menées par l’auteur et ses collaborateurs entre 2003 et 2011 : étude rétrospective du processus de composition de Voi(rex) par Philippe Leroux, suivi longitudinal de la genèse d’Apocalypsis (même compositeur), étude croisée de plusieurs processus créateurs passés et présents des années 1930 à 2000 (projet ‘Musicologie des techniques de composition contemporains’ subventionné par l’Agence Nationale de la Recherche). Ces travaux ont contribué à faire émerger un domaine d’étude hybride entre musicologie, sciences sociales et études cognitives : l’analyse des processus de création musicale.
Keywords