Un voyage dans les derniers cercles de l’Enfer : La casa de los náufragos (Boarding home) de Guillermo Rosales

Abstract

Le cubain William Figueras, triste jumeau de papier de l’écrivain Guillermo Rosales, n’est pas seulement un exilé des illusions politiques, mais aussi de la raison, et de toute forme d’espoir. Le renoncement à l’humanité, le retrait du monde des vivants de William Figueras, font de lui le paradigme de l’échec. Un échec radical, qui ne s’encombre plus d’aucune attente et d’aucun désir. La faillite dépasse le cadre personnel, car Rosales pointe également ici la noirceur d’âme des « triomphateurs » et l’incapacité d’une société qui a fait de la réussite une religion. Le fait que La casa de los náufragos, primé par un jury prestigieux à sa sortie, tombe aussitôt dans l’oubli, ainsi que le postérieur suicide de son auteur, valent pour un autre constat : celui de l’échec de la littérature à remédier aux blessures intimes de l’être. Si la lecture épargne au protagoniste du roman le naufrage ultime, l’écriture n’aura pas sauvé Guillermo Rosales de ses démons.

Keywords

• exil
• désillusion politique
• désespoir
• folie