Voix Plurielles (Dec 2016)
l’anarchie des innocences de Michel Dallaire ou pour une éthique du geste créateur
Abstract
Dans l’anarchie des innocences (2007), Michel Dallaire propose une éthique de la création artistique, en particulier de l’écriture. Pour Dallaire, l’altérité est nécessaire au travail de création tel qu’il le conçoit et l’écriture non seulement exige à la fois un mouvement vers l’autre et vers soi, mais comporte nécessairement une dimension éthique qui prend la forme d’une critique sociale, une condamnation de l’apathie, de l’indifférence et de l’individualisme de la société contemporaine. Dans ce récit poétique, chaque personnage qui surgit sur l’écran de l’ordinateur du narrateur-écrivain – soit le journaliste, la dame aux crevettes, la mouche Gertrude, le voisin musicien et le peintre Coleslaw – constitue une facette de l’expression de sa révolte. Inspiré par Le défaut des ruines est d’avoir des habitants (1957) du poète québécois Roland Giguère, Dallaire met donc en scène un « bon gars » qui tente d’effectuer une révolution intérieure. Celui-ci cherche à affirmer sa différence et son désir de liberté dans un rapport critique avec la société dans laquelle il évolue. Pour y arriver, il effectue une plongée en soi, par l’écriture. Sa métamorphose souhaitée est cependant toujours à recommencer.