African Journal on Land Policy and Geospatial Sciences (Mar 2024)

PRÉDATION FONCIÈRE ET RÉSILIENCE DE L’AGRICULTURE FAMILIALE AU SUD- CAMEROUN

  • Fabrice Mopi Touoyem

DOI
https://doi.org/10.48346/IMIST.PRSM/ajlp-gs.v7i2.46088
Journal volume & issue
Vol. 7, no. 2

Abstract

Read online

Contexte et état des lieux La terre est un facteur de production et une source de richesse dont la mise en valeur agricole fait vivre de nombreux ménages ruraux. Le Sud Cameroun est une région aux conditions pédoclimatiques favorables aux activités agricoles. La modernisation de l’agriculture et l’expansion des exploitations agroindustrielles consommatrices de terres ont permis une compétition foncière accrue avec exploitations familiales qui généralement, n’occupent que de petites superficies ; amenant ainsi à s’interroger sur les capacités de résilience de ces dernières et les risques d’accentuation de la pauvreté en milieu paysan et de l’insécurité alimentaire au Sud Cameroun, y compris dans les grandes villes ravitaillées par l’agriculture familiale. But et objectifs L’objectif ici est donc d’analyser les enjeux liés à la prédation foncière et les capacités de résilience de l’agriculture familiale au Sud Cameroun. Méthodologie Pour y parvenir, l’étude s’est appuyée sur les sources documentaires, des enquêtes par questionnaires auprès de 150 petits exploitants, et entretiens avec quelques acteurs de l’agriculture à grande échelle suivant la Méthode Accélérée de Recherche Participative. Le modèle d’analyse pressions-état-réponses a permis de comprendre la nature et le niveau des pressions exercées sur les exploitations agricoles familiales, l’état actuel de ces exploitations et les réponses institutionnelles et endogènes. Résultats Les résultats obtenus indiquent que les entreprises chinoises, les agro-industries et l’élite locales sont les principaux prédateurs fonciers qui pratiquent une agriculture à grande échelle au détriment de l’agriculture paysanne. Ces acteurs arrachent parfois par force des terres ou obtiennent des concessions auprès des pouvoirs publics, empêchant les populations villageoises de jouir pleinement de leurs droits fonciers. Il en résulte une perte des terres agricoles appartenant aux petits exploitants familiaux, leur paupérisation du fait de leur dépossession de leurs moyens de subsistance et la sous-alimentation et la famine dans les ménages ruraux et l’inflation des produits vivriers dans les marchés des grands centres urbains du fait du déficit de l’offre et de l’augmentation de la demande liée à la croissance démographique. La baisse de l’autosuffisance alimentaire est susceptible d’entretenir l’insécurité alimentaire. Cette situation conduit souvent à des oppositions qui dégénèrent en de conflits fonciers entre petits paysans et acteurs concernés, et conduisent à l’annulation de certaines concessions attribuées par l’Etat. C’est donc là l’intérêt de la mise en place d’un politique et d’une gouvernance foncières inclusives capables de contribuer au développement durable.