Conserveries Mémorielles (Oct 2008)

Des livres dans la tête : la bibliothèque imaginaire chez Bradbury, Canetti et Joyce

  • Tatjana Barazon

Journal volume & issue
Vol. 5
pp. 174 – 189

Abstract

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Le livre est un symbole de la liberté créatrice de l’homme et de sa faculté d’exprimer ses émotions. Quand le livre est interdit et même brûlé, cette liberté est mise en danger. L’homme se perd dans le bonheur facile, et finit par s’anéantir. Le livre est considéré comme le plus grand obstacle au bonheur dans une société qui recherche l’absence de douleur. Ray Bradbury évoque une évolution effrayante dans Fahrenheit 451, il dépeint la destruction des livres par le feu. L’homme doit détruire cette société pour retrouver son côté sombre et le droit au livre. Mais ce n’est pas seulement la perte de la liberté créatrice que l’homme cherche à reconquérir, c’est le devoir de mémoire dans les livres. L’isolement que constitue le livre et le rapport à lui reste cependant un danger quand la lecture devient enfermement. Dans Auto-da-fé d’Elias Canetti, c’est un savant qui cherche à remplacer la vie par les livres. Il finit aussi par se détruire parce qu’il ne cherche plus le contact de l’autre. Enfin, c’est Ulysse de James Joyce qui constitue une véritable bibliothèque imaginaire par l’existence d’un seul livre dans la tête du lecteur. Si un seul livre peut concentrer en lui toute lecture possible, le lecteur est enfin libéré de l’immobilité forcée de la lecture et peut aller à la rencontre de l’autre et de la vie, enfin libéré de cette activité qui l’enferme pour la transformer en flux de la conscience, il devient créateur du déploiement d’une véritable activité vitale et libératrice.