De la joie perdue à l’écriture de la jubilation dans les premiers textes français de la légende de Tristan et Yseut
Abstract
Dans les premiers textes français de la légende de Tristan et Yseut, l’étude de la joie révèle la diversité des registres de l’écriture avec laquelle est mise en œuvre la passion tragique des amants de Cornouailles. Dans le roman de Thomas d’Angleterre, la joie, évoquée dans les monologues lyriques des héros, désigne le plaisir érotique et le bonheur amoureux perdu. Dans les récits brefs, qui relatent une entrevue des amants, elle est un motif narratif qui signale le dénouement heureux de l’aventure et exalte le pouvoir créateur de Tristan. Dans le roman de Béroul et les Folies de Tristan, elle devient une émotion sociale inséparable d’une performance de Tristan déguisé. Elle se manifeste alors par le rire qui exprime tantôt la jubilation de la vengeance sur les ennemis des amants, tantôt une libération joyeuse, due aux trouvailles langagières de Tristan fou.