SHS Web of Conferences (Jan 2016)
Du rituel à l’individuel dans des correspondances peu lettrées de la Grande Guerre
Abstract
L’objectif de notre article est d’analyser la transition du discours rituel au discours individuel dans des correspondances peu lettrées de la Grande Guerre. L’étude s’appuie sur un corpus exploratoire de 1273 lettres de la Grande Guerre, issues de six départements : l’Ain, l’Alsace, l’Ardèche, la Franche-Comté, l’Hérault et la Marne. Le genre épistolaire présente de fortes traditions discursives qui orientent le scripteur dans l’acte communicatif. Dans ce cadre, la correspondance intime des « peu lettrés » dévoile le recours des scripteurs à des formules figées au point que l’on puisse y voir un « rituel » épistolaire (Branca-Rosoff, 1990). Mais jusqu’où va la ritualisation de l’écriture dans ces textes ? Dans la perspective de leur transcription, jusqu’où peut-on encadrer par les balises conventionnelles de la Text Encoding Initiative (TEI) les différentes séquences de la lettre ? La première partie de l’article est consacrée à la précision de la notion de formule d’ouverture, à l’évaluation de ce qu’elle représente quantitativement dans notre corpus et à la description de ses configurations. Dans la seconde partie, nous focalisons l’étude sur la question des frontières : quelle appréhension les scripteurs peu lettrés ont-ils des unités discursives qui constituent le texte de leur lettre ? Comment s’opère la transition entre l’ouverture et le corps de la lettre ? Nous nous appuyons sur deux approches : l’une fondée sur les relations syntaxiques, l’autre sur la structure informationnelle.