Filolog (Jun 2016)

La pensée du LIEU dans « La Semaison (Carnets 1954–1967) » de Philippe Jaccottet

  • Ning Yuan

DOI
https://doi.org/10.21618/fil1613340y
Journal volume & issue
no. 13
pp. 340 – 354

Abstract

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Témoin d’un monde dévasté par la guerre, le poète suisse Philippe Jaccottet a constaté la curieuse condition humaine de l’époque moderne où l’homme se sent comme un étranger au sein de sa propre maison et dans son propre pays. Confronté à cette détresse psychologique généralisée, Jaccottet, à l’instar de ses prédécesseurs tels que Hölderlin et Gustave Roud, part à la recherche d’un « lieu » qui est moins spatial que philosophique. Dans la présente étude, nous proposons de réfléchir sur la conception du « lieu » chez Jaccottet en nous appuyant sur les « notes-graines » de La Semaison (carnets 1954-1967) et tentons d’en relever quelques caractéristiques principales. Le « lieu » de Jaccottet n’est pas un endroit isolé ni perdu, mais s’avère toujours « mis en rapport avec un ensemble » : les paysages chers au poète sont considérés comme liés directement au « très ancien » et à « l’élémentaire ». Pour Jaccottet, ce « lieu » propice à la communion et à la concentration est à la fois le centre cosmique et le centre ontologique où l’on peut pénétrer aux couches profondes de la vie, où ceux qui sont expulsés psychologiquement retrouveront la maison natale. Nous arrivons enfin au constat que Jaccottet, hanté par le désir de la protection et celui de la liberté observe un équilibre subtil dans la relation entre le dedans et le dehors du « lieu », qui est considéré comme un espace à la fois renfermé et ouvert.

Keywords