Astérion (Apr 2005)
Hobbes, les pirates et les corsaires. Le « Léviathan échoué » selon Carl Schmitt
Abstract
Parmi les nombreux problèmes que pose l’ouvrage de Carl Schmitt Le Léviathan dans la doctrine de l’État de Thomas Hobbes, il en est un, majeur, qui concerne l’utilisation de la « mythologie politique » pour expliquer la réalité ou les doctrines politiques. Il y a là, à n’en pas douter, l’expression de l’un des versants de l’irrationalisme de Schmitt. La thèse de l’auteur est très claire : parce que Hobbes ne possédait aucun « sens mythologique », il s’est trompé de monstre biblique, appelant Leviathan son traité consacré au pouvoir d’État, alors qu’il aurait dû l’appeler plus adéquatement Behemoth, manquant du coup la Meeresbild caractérisant l’Angleterre de son temps. La thèse peut paraître séduisante, elle s’appuie néanmoins sur un présupposé fort contestable, car Hobbes ne vise nullement à créer des mythes. Il s’agit donc d’interroger la théorisation hobbesienne de la piraterie, d’une part, et de la dissidence religieuse « sauvage », d’autre part, afin de montrer que le choix par Hobbes des monstres du Livre de Job est un choix rationnellement assumé.
Keywords