Études romanes de Brno (Jul 2022)

Une invitation au décentrement dans le roman français du romantisme noir : quelques exemples

  • Katia Émilie V. Hayek

DOI
https://doi.org/10.5817/ERB2022-1-6
Journal volume & issue
Vol. 43, no. 1

Abstract

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Les concepts de « centre » et de « périphérie », issus des travaux de Pascale Casanova et Franco Moretti, sont couramment utilisés dans les études littéraires contemporaines. Pourtant, la voie critique originale et féconde qu'ils sous-tendent ouvre des fenêtres nouvelles pour l'interprétation de textes plus anciens. Au moment où le concept goethéen de Weltliteratur prend forme, l'émergence des littératures nationales s'effectue en opposition à la souveraineté culturelle française. Paradoxalement, ce déplacement des centres s'accompagne en France d'écrivains qui, tout en faisant partie d'un « centre », choisissent de se décentrer. C'est le cas des romanciers populaires du romantisme noir au premier XIXe siècle. Nous nous proposons donc d'analyser les causes et les effets possibles de cette écriture équivoque par rapport à la « centralité » et d'examiner comment les écrivains populaires du romantisme noir présentent les « voix » de la périphérie dans leur écriture. En effet, la reconfiguration de la poétique romanesque, en partie imposée par le genre, reflète une dynamique de la relation entre centre et périphérie. A travers elle, les auteurs affirment un métissage des représentations qui assure, entre production et réception, une invitation au décentrement, au moins dans l'espace romanesque.

Keywords