Akofena (Sep 2022)
Ruptures et représentation de l’hétérogénéité dans Le procès-verbal (1963) de Jean Marie Gustave Le Clézio
Abstract
Le présent article se propose de comprendre comment le besoin d’idées nouvelles et les horreurs vécues ont sensiblement contribué à la réévaluation stylistique, à la dépersonnalisation du héros et à l’évanescence des frontières sémantiques. Tous les cadres qui ont jusqu’ici fondé l’art du roman cèdent au profit d’un jeu structurel hétérogène. Le sens des vocables se brouille, la narration se déforme et révèlent les incertitudes d’un personnage dubitatif. Celui-ci, jadis pourvu d’une intégrité assez stable qui lui permettait de conduire ses actions, son discours et ses agissements, souffre dans Le procès-verbal d’un décrépit qui l’incline vers des actes abscons. Ainsi victime d’un émiettement psychologique inhérent aux insolites conditions qui désagrègent son être, il se livre subrepticement à une errance et à un bavardage qui égarent le lecteur. Toutefois, son discours épars révèle des fragments de la réalité et de son humanité désagrégée.