Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada (Jul 2023)

Quelles sont les mesures de réduction des méfaits à cibler selon les personnes ayant vécu ou vivant une expérience concrète de consommation de méthamphétamine et une admission à l’hôpital?

  • Cheryl Forchuk,
  • Jonathan Serrato,
  • Leanne Scott

DOI
https://doi.org/10.24095/hpcdp.43.7.04f
Journal volume & issue
Vol. 43, no. 7
pp. 375 – 386

Abstract

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IntroductionLes personnes consommant des substances sont susceptibles d’avoir recours à des services hospitaliers pour le traitement d’infections et de blessures, pour des troubles liés à la consommation de substances, pour des problèmes de santé mentale ou pour toute autre raison. Notre objectif consistait à rendre compte des expériences, des problèmes et des recommandations des personnes consommant de la méthamphétamine et ayant eu recours à des services hospitaliers. MéthodologieSur les 114 personnes ayant vécu ou vivant une expérience concrète de consommation de méthamphétamine qui ont été recrutées pour une étude fondée sur des méthodes mixtes menée dans le sud-ouest de l’Ontario (Canada), 104 ont réalisé le volet qualitatif. Les entrevues ont été effectuées entre octobre 2020 et avril 2021. On a posé aux participants des questions ouvertes puis leurs réponses ont été analysées au moyen d’une approche ethnographique thématique. RésultatsLes interactions négatives entre les patients et le personnel reposent sur la stigmatisation et un manque de compréhension de la dépendance et de la consommation de méthamphétamine, menant à la méfiance, à l’évitement des soins hospitaliers ainsi qu’à une diminution de la recherche d’aide et de la participation aux soins de santé. Cela peut avoir comme conséquences des infections, une utilisation non sécuritaire d’aiguilles, un départ de l’hôpital contre l’avis du médecin et des symptômes associés au sevrage. Presque tous les participants étaient en faveur de l’utilisation de stratégies de réduction des méfaits en milieu hospitalier, notamment des services de consommation supervisée, la fourniture de matériel stérile et de contenants pour objets pointus et tranchants ainsi qu’un soutien au sevrage. Les répercussions sur le plan clinique sont l’éducation pour réduire les lacunes en matière de connaissances sur la consommation de méthamphétamine et la dépendance et pour lutter contre la stigmatisation, ce qui faciliterait l’introduction de stratégies de réduction des méfaits. ConclusionMême si les stratégies cernées par les participants favorisent un milieu de soin plus sécuritaire, l’amélioration des relations thérapeutiques grâce à l’éducation des fournisseurs de soins de santé et du personnel des hôpitaux constitue un préalable essentiel. Il est nécessaire d’envisager l’ajout de stratégies de réduction des méfaits en milieu hospitalier, cette approche demeurant rare dans les hôpitaux au Canada.