SHS Web of Conferences (Jul 2012)
Texte-dialogal, hasard et rature orale : analyse des processus d'écriture à deux par des élèves récemment alphabétisés
Abstract
La dimension créative d’un texte subissant l’influence d’une multitude de facteurs doit se comprendre comme un système sémiotique multimodal complexe où le « dialogisme » et le « hasard » représentent des éléments-clés. Notre objectif est de discuter, en partant de ces phénomènes, de certaines formes de retour dans un processus de création mis en place par deux élèves écrivant ensemble un récit de fiction. Ces formes de retour, nommées « ratures orales », sont produites dans le flux de la co-énonciation pendant le moment où les élèves sont en train d’écrire le manuscrit. D’un point de vue théorique, le dialogisme est compris comme principe fondateur de tout discours et est donc relié. Nous considérons le point de tension du processus d’écriture à deux – et la rature qui lui donne une visibilité – comme une manifestation de l’absence de re-présentée où la dimension du « dialogisme interlocutif » et du « dialogisme interdiscursif » entretiennent des échanges sur deux plans, solidaires mais distincts, dans l’acte coénonciatif consistant à écrire un texte à deux. Cette manifestation de l’absence représentée à travers du double dialogisme se réfère à l’hétérogénéité constitutive du dire qui se constitue de manière « interdiscursive » à partir de sa relation avec l’extériorité, comme le déjà dit d’autres discours, et de manière « interlocutive » à partir du dire de l’interlocuteur dans le « texte dialogal » (Bres et Nowakowska, 2006). Nous analysons l’interaction entre une dyade qui doit se dérouler en contexte d’apprentissage in natura afin de garantir des conditions sociales réelles de production de texte en classe : 1) les sujets sont des élèves ayant entre 6 et 7 ans, qui, alphabétisés depuis peu de temps, écrivent leurs premiers textes ; 2) les informations impliquant l’ensemble du processus (de la présentation de la consigne par le professeur à la remise du manuscrit fini par les élèves), sont enregistrées grâce à un caméscope. Les ratures orales identifiées dans cet article (blanche, pragmatique textuelle, de modalisation autonymique) reflètent l’influence du double dialogisme (interlocutif et interdiscursif), mais dans le même temps montrent la subjectivité de celui qui écrit. Le dialogisme représente le « il » du dispositif trinitaire (je-tu/il), mais la subjectivité de celui qui parle, inscrite dans ce dispositif, ne permet pas de dire comment le « il » va apparaître, ni de quelle manière la dyade « je-tu » établira les directions que prendra le texte en cours.