Studii si Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice (Oct 2011)
SERMONS PARODIQUES ET PRÊCHEURS COMIQUES DANS LE COMPÈRE MATHIEU DE HENRI-JOSEPH DULAURENS (1766)
Abstract
L’article a pour objet de montrer en quoi Le Compère Mathieu de Henri-Joseph Dulaurens (1766) situe son discours en marge des Lumières, dont il reprend les présupposés tout en se plaçant dans une ambiguïté problématique, et ce à travers l’étude de l’éloquence de la chaire qui sous-tend les prises de parole de la plupart des personnages. Ce phénomène peut sembler logique quand on a affaire à certains représentants de la pensée des Jésuites, notamment Diego, mais on s’aperçoit que le discours philosophique lui-même s’avère contaminé par la prégnance du discours religieux : Mathieu le philosophe prêche comme un nouvel évangéliste, la philosophie devenant un nouvel article de foi. Pour finir, une espèce de délire prophétique, où se mêlent les figures de Cratès le cynique, celle de Rousseau par l’intermédiaire de Mathieu, mais aussi celle de saint François d’Assise, gagne la plupart des interlocuteurs, brouillant les repères, confondant les pistes : le discours de la raison (autre forme de prêchi-prêcha ?) ne sort pas indemne de la proximité de l’éloquence religieuse. C’est toute une part de la philosophie des Lumières qui se trouve ainsi comme remise en question.