Italies (Dec 2019)

Sane, robuste, feconde

  • Antonella Mauri

DOI
https://doi.org/10.4000/italies.7046
Journal volume & issue
Vol. 23
pp. 81 – 102

Abstract

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Le fascisme a consacré beaucoup d’attention au sport, préoccupé par les conditions physiques désastreuses d’une grande partie de la population italienne. En Italie, l’éducation sportive n’était pas considérée importante avant le xxe siècle, et elle a été réévaluée pendant l’entre-deux-guerres, même si beaucoup de monde était encore hostile au sport féminin. On aurait pu s’attendre à ce que le fascisme continue sur cette voie, mais, au contraire, le sport féminin a été fortement encouragé, même si ce fut dans un but précis : donner des enfants à la Patrie. Les autorités scientifiques étaient désormais convaincues que le sport pouvait contribuer de manière positive au développement physique des filles, en les rendant plus résistantes et en augmentant leur fertilité. Les femmes étaient censées arrêter toute activité sportive une fois mariées, quand elles allaient commencer leur activité de pondeuses. Le sport féminin est ainsi devenu un cheval de bataille du fascisme, qui souhaitait que les femmes soient robustes, saines et – surtout – fécondes, qualités qu’elles allaient transmettre à leur descendance. La controverse persistait sur quels sports il fallait pratiquer pour parvenir à ces fins. Certains ont ainsi été strictement interdits aux filles, d’autres n’étaient pas encouragés. La gymnastique était la reine des activités sportives féminines, mais d’autres sports, tels la natation, le patinage, le volleyball, étaient aussi pratiqués à grande échelle. L’athlétisme est devenu très populaire grâce à Ondina Valla, qui a obtenu la première médaille d’or olympique féminine de l’histoire italienne. Une institution qui aura un rôle capital dans ce domaine est l’Académie d’Orvieto, créée en 1932 et destinée à former les professeures de sport, mais aussi les futures dirigeantes des associations féministes fascistes. Malgré la propagande et la pression sociale, la politique nataliste du fascisme a été un échec, tandis que le sport a connu un succès grandissant, qui continue même après son effondrement. Le sport féminin, qui était considéré comme un outil démographique par le régime fasciste, est devenu un dispositif qui a contribué à changer définitivement l’image et le rôle social des femmes en Italie.

Keywords