Studii si Cercetari de Istoria Artei : Teatru, Muzică, Cinematografie (Dec 2017)

Vlad Mugur şi „teatrul mare”

  • Roxana Croitoru

Journal volume & issue
Vol. 10-11 (54-55)
pp. 197 – 205

Abstract

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En juin 2000, peu après que Ion Vartic avait pris la direction du Théâtre National de Cluj, j’ai été invitée dans son bureau pour prendre part à une brève entrevue avec Vlad Mugur. Connaissant Ion Vartic dès son premier retour en Roumanie, dans les années 90, celui-ci acceptait de revenir sur la scène du théâtre de Cluj. Pour commencer, avec deux mises en scène. Il a proposé plusieurs titres, mais c’était évident que son intérêt portait surtout sur Hamlet. Nous avons consulté ensemble la liste des acteurs embauchés, puis, je lui ai parlé de comédiens qu’il n’avait pas vus sur scène et je lui ai également montré certains autres dans les albums de spectacles. À mon départ, ils discutaient avec moult animation des collaborateurs, du répertoire, des souvenirs communs. Je suis partie pleine d’espoir, mais saisie de crainte aussi. Vlad Mugur avait déjà été sur le point de monter pour le Théâtre National, mais nous l’avons perdu. À la fin de l’automne 2000, Vlad Mugur a assisté au concours d’embauche de jeunes acteurs. Cette occasion m’a révélé son don de mettre en évidence les plus belles qualités des candidats, fussent-ils sous l’empire de l’émotion, et de découvrir sans faille les meilleurs parmi eux. Il y a eu même un moment amusant, lors de l’apparition d’Elena Ivanca. À la différence des autres, qui venaient se présenter à la rampe, Elena est venue du fond de la scène en incarnant déjà le personnage Ţuşca Vilmoş de la pièce Declaration de Tudor Muşatescu. J’attendais avec une vive impatience l’avis du Maître, sans penser une seconde à la réaction que peut susciter l’aspect du personnage. Vlad Mugur, le regard indigné, s’est tourné vers les personnes qui se trouvaient derrière lui et leur a dit : « Mettez-la dehors ! ». Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Trop tard, elle avait déjà commencé à parler. Tout d’un coup, le visage de Maître fut éclairé par l’expression chaude et enfantine que je lui avais vue tant de fois pendant les répétitions pour Hamlet devant les réussites des comédiens. Je ne soupçonnais pas – et, d’ailleurs, personne ne le soupçonnais probablement – qu’Elena puisse être la Reine, mais j’étais persuadée qu’elle ferait partie de la troupe du Maître. Le concours, comme chaque rencontre avec Vlad Mugur, était important pour le théâtre, qui recevait ainsi une direction. La façon dont il posait ses questions aux candidats indiquait ce qu’il cherchait et comment il le cherchait : des personnages, des types, non pas pour un spectacle ou pour une distribution, mais pour l’équilibre d’une troupe capable de jouer presque toute pièce.

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