Appareil (Feb 2013)

Le 6 juin 1944. La ligne d’horizon

  • Jean-Louis Déotte

DOI
https://doi.org/10.4000/appareil.1536

Abstract

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La question de l’intersubjectivité est toujours partie d’un dilemme : si ego est le foyer irréductible du sens, comment concevoir autrui, l’alter ego ? Comment déduire une multiplicité de foyers d’un foyer originaire ? Pour une philosophie des appareils, la réponse est simple : l’appareil perspectif rend structurellement comparable tous les ego puisque pour le géométral tous les points de vue sont équivalents. À partir de son époque, l’objet et le sujet sont réversibles : ne parle-t-on pas du sujet d’un tableau ou d’un roman comme de son objet ? Dès lors, ce qui sépare deux armées ennemies modernes, la ligne de front, peut être conçue comme l’horizon d’une construction perspective, condition préalable de la position du point de fuite = point du sujet depuis Viator et Desargues. Les ennemis ont un sol commun qui rend possible une nouvelle définition du droit de la guerre (Convention de Genève). Mais pendant la seconde guerre mondiale, cette politique sauvage (Lyotard) a fait irruption au creux de la modernité : les Juifs et les Tziganes n’étaient pas pour les nazis des sujets/objets, mais des poux qu’il fallait faire disparaître. L’humanité est entrée dans l’époque de la disparition (Crime contre l’humanité).

Keywords