Akofena (Sep 2022)
La perception directe d’un procès en français et en èwòndò: une étude syntaxique des phrases
Abstract
Résumé : La valorisation des langues africaines est un impératif de nos jours. Cette volonté exige ainsi un système éducatif qui intègre les langues nationales. C’est une ambition salutaire qui interpelle à juste titre la recherche, car c’est à partir des résultats qu’on obtient les manuels scolaires. Dans ce processus de normalisation, il est question de mettre sur pied une grammaire pour chaque langue, si possible, afin d’en définir les règles d’usage. Chaque langue étant unique en son genre, il se pose le problème des propriétés de fonctionnement. Notre réflexion se penche sur une étude syntaxique des phrases qui expriment une perception de procès en français et en éwòndò, une langue parlée au Cameroun. Notre visée est de définir les propriétés de construction des verbes de perception de cette langue bantoue, comparativement à ceux de la langue française. Les phrases qui constituent le corpus sont des comptes rendus de perception écrits en français (Gide, 1922) et traduits en éwòndò. En nous fondant sur le modèle de description de la grammaire dépendancielle (Tesnière, 1965), il sera démontré que les verbes de perception du français et de l’éwòndò présentent dans ce contexte des rapprochements structurels et des démarcations. En effet, les phrases qu’ils gouvernent ont une structure identique SN0+Verbe de perception+SN1+V ; elles sont soumises aux mêmes contraintes de négation et s’analysent non seulement comme des phrases complexes mais également comme des formes simples. Toutefois, le compte rendu du français se caractérise par plusieurs structures qui résultent de l’instabilité et des possibilités d’omission du SN1. Par contre en éwòndò, il existe une structure unique. Notre objectif est donc d'établir la particularité syntaxique des verbes de perception éwòndò.