Canadian Journal of Bioethics (Jul 2020)

La stérilisation volontaire chez les femmes sans enfant de moins de 30 ans : dilemme éthique et déontologique

  • Marie-Alexia Masella,
  • Emmanuelle Marceau

DOI
https://doi.org/10.7202/1068764ar
Journal volume & issue
Vol. 3, no. 1

Abstract

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Avec les modifications sociales des dernières décennies, particulièrement avec l’avènement de l’avortement, de la contraception et de la libéralisation du marché du travail, les femmes ont pu trouver leur place hors de leur rôle de mère et se construire en tant qu’individu propre, non résumé à un rôle reproductif. Ainsi, pour bien des raisons que nous allons présenter, certaines femmes désirent et font le choix de rester sans enfant, elles sont, dans ce cas, appelées childfree (c’est-à-dire, sans enfant par choix). C’est notamment le cas de jeunes femmes de moins 30 ans qui, par peur notamment d’une grossesse non désirée, vont s’orienter vers la ligature tubaire plutôt que vers des méthodes dites non définitives. Cependant, nos sociétés occidentales sont encore assez pronatalistes, et cette décision de mettre un terme à leur capacité reproductive choque et interpelle. Le personnel soignant, et plus précisément les médecins, confronté à ces demandes de stérilisations les rejette souvent lorsqu’elles sont faites par des femmes sans enfants de moins 30 ans, en s’appuyant sur plusieurs justifications que nous allons expliciter, dont la peur d’apparition de regrets chez celle-ci. Il ressort de cette situation une confrontation entre le principe d’autonomie de la personne qui s’exprime par le respect de sa décision d’agent autonome d’une part et, d’autre part, la déontologie du médecin, encore parfois teintée d’un certain paternalisme. Nous allons donc analyser ce dilemme éthique et tenter d’apporter quelques pistes de recommandations pour une prise en charge plus adaptée de ces situations, grâce notamment à l’approche de l’éthique narrative et du partenariat relationnel, aussi appelé le Montreal Model.

Keywords