Studii si Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice (Nov 2019)

OCTAVE MIRBEAU, L’INCLASSABLE : CRITIQUE DU TRIPTYQUE « FAMILLE – ECOLE – EGLISE »

  • Joseph Bernard DZENE EDZEGUE

Journal volume & issue
Vol. 1, no. 26
pp. 108 – 121

Abstract

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Octave Mirbeau traduit les réalités de sa société dérangeant visiblement la classe dirigeante, sur les plans littéraires, esthétiques, politique et social, il accompagne les mutations sociopolitiques. Son œuvre est prise comme une opposition systématique et caustique aux pouvoirs établis. Sa contestation radicale des institutions se manifestent dans le triptyque « Famille – Ecole – Eglise ». Octave dans ses textes se fait passer à l’œil du pouvoir à celle d’œil du peuple. Opposant à un siècle qu’il jugeait oppresseur et corrompu, ce libertaire, individualiste, anticlérical se montre hostile à tout type de pensée ou idéologie dominante. Octave Mirbeau a voulu tout cela à la fois. Comme l’estime Pierre Michel , ce « grand démystificateur » a entrepris de révolutionner le regard de ses contemporains en les obligeant à découvrir les êtres, les valeurs et les institutions, tels qu'ils sont. Pamphlétaire, critique d'art, romancier et auteur dramatique, Octave Mirbeau est le prototype de l'écrivain engagé au sens où l’estimait J.-P. Sartre. Son écriture, une véritable « esthétique de la révélation » et de la dénonciation, remet en question non seulement la société et la morale bourgeoise, mais aussi l'idéologie dominante et les formes littéraires traditionnelles, qui contribuent à anesthésier les consciences. Les œuvres de Mirbeau sont perçues comme l'expérience d'une profondeur socio-politique (Le Jardin des supplices), morale (Le Journal d'une femme de chambre), psychologique (Les 21 jours d'un neurasthénique). Les œuvres de Mirbeau font de lui un polémiste écrivain inclassable avec une plume novatrice et provocatrice. Il trouvera que le travail agaçant et oppressif et écrasant des âmes et des vies, initié par la famille, se poursuivant à l’école est consacré par une Eglise catholique répandant des « superstitions abominables » pour « enchaîner » l’esprit des enfants et « mieux dominer l’homme plus tard » (Dans le Ciel). La religion catholique, en effet, sanctifierait la souffrance et le sacrifice et inculquerait un sentiment de culpabilité, premières étapes vers la soumission des êtres. La tonalité pamphlétaire des articles réservés à la critique dogmatique parus dans la presse permet de modaliser le mode d’expression de la contestation. Elle permet donc de se poser les questions sur les modalités du pouvoir.

Keywords