SHS Web of Conferences (Jul 2012)

Faut-il brûler les dictionnaires ? Ou comment les ressources numériques ont révolutionné les recherches en morphologie

  • Namer Fiammetta,
  • Dal Georgette

DOI
https://doi.org/10.1051/shsconf/20120100217
Journal volume & issue
Vol. 1
pp. 1261 – 1276

Abstract

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Pour mener leurs études, les morphologues, et, singulièrement parmi eux, ceux qui traitent du lexique construit, sont pris entre deux tensions : utiliser les données issues des dictionnaires, réputées fiables parce que passées au travers du crible de l’institutionnalisation, ou se fonder sur des données authentiques, produites dans des situations écologiques. Bien qu’inspirant encore de la défiance, le Web devient alors la ressource par excellence. Les ressources numérisées telles que les archives de journaux ou les bases de données de textes littéraires constituent un moyen terme entre ces deux pratiques : elles permettent d’effectuer des recherches basées sur l’usage, tout en offrant la garantie d’une certaine tenue linguistique de la part des scripteurs, la plupart du temps identifiables. Dans cette communication, nous nous demanderons si les dictionnaires méritent la confiance que continuent de leur octroyer les morphologues ou, plus exactement, si une morphologie qui puise ses données dans les seuls dictionnaires peut encore avoir cours au 21e siècle. Pour engager cette discussion, nous commencerons par poser la question de l’existence, pour un lexème construit. Nous exposerons ensuite ce que constitue une morphologie basée sur l’usage, puis donnerons un aperçu des types de recherches que permettent de réaliser les ressources non dictionnairiques. La conclusion sera que, si les dictionnaires continuent d'avoir droit de cité dans la panoplie du morphologue, une morphologie uniquement basée sur les données qu'ils contiennent passerait outre de nombreuses recherches, plus fructueuses les unes que les autres.