Argumentation et Analyse du Discours (Oct 2024)
Les dérives de la métalepse : pour une lecture figurative des récits conspirationnistes. L’exemple d’Umberto Eco et la machine complotiste
Abstract
Nombre d’experts du complotisme réduisent le phénomène à sa dimension rationnelle, voire cognitive. La dimension esthétique et le plaisir narratif sont pourtant manifestes dans les discours conspirationnistes, dont la rhétorique épouse étroitement les codes des fictions populaires. N’a-t-on pas sous-estimé la recherche du « plaire » ? Nous postulons une continuité entre l’attitude des publics face aux fictions et face aux « théories du complot », devenues relativement indiscernables dans le contexte contemporain de surabondance informationnelle. L’œuvre d’Umberto Eco est particulièrement éclairante en ce sens, car axée sur la question de l’indiscernabilité du vrai et du vraisemblable, et attachée à la métalepse comme transgression du pacte fictionnel. La réception de deux de ses grands romans « conspirationnistes », Le pendule de Foucault et Le cimetière de Prague, révèle une émancipation du trope métaleptique : le romancier, par ailleurs connu pour son antifascisme, se trouve en effet accusé de complaisance envers l’antisémitisme.
Keywords