Connexe (Feb 2022)

À la mémoire de nos camarades disparus : les funérailles de révolutionnaire russes en exil (1900–1914)

  • Pierre Boutonnet

DOI
https://doi.org/10.5077/journals/connexe.2021.e608
Journal volume & issue
Vol. 7

Abstract

Read online

Durant les années 1900–1914, le nombre d’exilés de l’Empire russe séjournant dans les grandes villes d’Europe pour échapper à la répression qui sévissait en Russie augmenta. Certains décédèrent sur leur lieu d’exil. Cet article revient sur les funérailles de cinq d’entre eux qui, hormis le premier, étaient membres du parti socialiste-révolutionnaire (PSR), un parti de la Deuxième Internationale à partir de 1904. Les obsèques de Pëtr Lavrov (en 1900 à Paris), de Pëtr Polivanov (en 1903 à Lorient), de Mihail’ Goc (en 1906 à Genève), de Grigorij Geršuni (en 1908 à Paris) et de Leonid Šiško (en 1910 à Paris) donnèrent lieu à des manifestations au cours desquelles des exilés politiques affirmèrent leurs convictions et soulignèrent ce qui faisait des défunts des révolutionnaires accomplis. Pëtr Lavrov et Grigori Geršuni furent inhumés au cimetière Montparnasse près de sépultures de Communards. Deux monuments furent érigés au-dessus de leur tombe. Un monument vint également orner la tombe de Mihaïl’ Goс au cimetière de Carouge à Genève. Les cinq funérailles dont il est question ici attirèrent non seulement des exilés politiques russes mais également des représentants de partis politiques affiliés à la Deuxième Internationale, des étudiants russes ainsi que des ouvriers émigrés venus des villes de l’Empire russe et des sympathisants socialistes français. Parmi les organisateurs de ces évènements, l’exilé Elie (Il’ja) Rubanovič joua un rôle éminent. Membre du comité central du PSR, disposant de la nationalité française, il mit en scène les liens unissant le PSR au socialisme international. Ces évènements furent des moments de recueillement, de cohésion pour des révolutionnaires affrontant au quotidien les affres de l’exil.

Keywords