e-Scripta Romanica (Nov 2023)

Misères et splendeurs de la "chikha". L’art comme consécration dans "Rue du pardon" de Mahi Binebine

  • Mohamed Semlali

DOI
https://doi.org/10.18778/2392-0718.11.03
Journal volume & issue
Vol. 11
pp. 23 – 38

Abstract

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Dans Rue du pardon, Mahi Binebine nous donne à lire un conte merveilleux où l’enfant affronte la laideur de son milieu impitoyable et la monstruosité de ses parents défaillants et coupables d’une double transgression. Ces épreuves transforment le conte en roman et l’enfant exposé (abandonné à son sort) en être émancipé. Après l’expérience du rejet et l’épreuve traumatisante du viol, l’héroïne, sauvée et guidée par la diva Serghinia, trouve dans les arts de la scène (la danse et le chant) un refuge salvateur et, surtout, une voix qui lui permet de dire et d’exorciser l’abjection. Le corps féminin maltraité est resculpté pour devenir une œuvre d’art vivante. Comme dans d’autres romans, notamment L’Ombre du poète, Terre d’ombre brûlée et Le Seigneur vous le rendra, Mahi Binebine, dans Rue du pardon, met l’artiste au centre de la représentation. Cet article essaie de montrer comment le romancier, réhabilitant la chikha, une figure artistique féminine du patrimoine populaire marocain, promeut un féminisme discret où l’art devient un moyen d’accès à la liberté et une dénonciation de l’hypocrisie sociale.

Keywords