Les Grandes Figures Historiques dans les Lettres et les Arts (Jun 2024)

La légende noire de l’impératrice Eugénie : une damnation misogyne

  • Maxime Michelet

DOI
https://doi.org/10.54563/gfhla.519
Journal volume & issue
no. 13

Abstract

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Eugénie de Montijo a été accusée de tous les maux : passionaria supposée de l’autoritarisme, responsable désignée des errements diplomatiques, hôtesse des décadences de la cour. Les fondements de cette légende noire sont à rechercher du côté d’une solide misogynie, réponse outrée aux responsabilités institutionnelles conférées par l’Empereur à son épouse. Eugénie fut en effet la femme la mieux préparée de son siècle à exercer la charge de l’État. Associée par son époux au conseil des ministres, désignée régente par l’Empereur, elle exercera trois fois la Régence et demeure la dernière femme à avoir occupé les fonctions de chef d’État en France. Restaurer l’Impératrice dans la réalité de son rôle politique et institutionnel fait apparaître encore plus nettement les bases de sa damnatio memoriae : l’effroyable transgression d’une « femme en politique » ne pouvait la condamner – à sa chute – qu’à la plus radicale des infamies.