Revue Gouvernance (Jan 2021)
Des instruments (insuffisants) pour gouverner les critiques adressées au « renouveau minier » en France métropolitaine. Une articulation autour des référentiels de l’environnement et du territoire
Abstract
Les vives contestations rencontrées par la politique de renouveau minier en France métropolitaine s’inscrivent dans la montée en puissance des mobilisations territoriales et environnementales, témoin de l’essoufflement de la gouvernance des projets industriels et d’aménagement. Définies comme un problème d’acceptabilité sociale, elles ont mené les acteurs de cette politique à la mise en place d’instruments destinés à gouverner les critiques qui lui sont adressées. Cet article analyse trois de ces types d’instruments (participatif, sociométrique, communicationnel) et met en lumière les référentiels sous-jacents qui en émergent : le territoire et l’environnement. L’échec des instruments participatifs met à jour l’inconciliabilité des positionnements entre la société civile d’une part, puis les acteurs administratifs et productifs d’autre part, et mène à la persistance des logiques néocorporatistes dans la gouvernance des ressources minérales. L’appréhension de plus en plus fine du territoire et de la diversité du monde social qu’opèrent les instruments sociométriques s’est également révélée insuffisante pour la meilleure acception des projets miniers. Si les effets des instruments communicationnels nécessitent quant à eux d’être appréhendés dans le temps long, on peut spéculer sur leur faible impact sur les contestations du renouveau minier, du fait de leurs particularités. Ainsi, les instruments de gouvernement de la critique ne s’attaquent pas au paradigme économique (capitaliste et extractiviste) qui sous-tend l’industrie minière, tandis que les critiques sont justement fondées sur la remise en cause profonde de l’extractivisme (en tant que modèle économique basé sur l’extraction des ressources et en tant que régime politique d’accaparement des biens communs).
Keywords