Voix Plurielles (Dec 2021)
La blanchité sous la loupe des écrivains autochtones
Abstract
Trop souvent, les appareils critiques qui guident des chercheur.e.s dans leurs lectures de littératures autochtones ont été principalement développés par des érudits blancs qui se positionnent en tant que spécialistes ou experts. Dans ce sens, la blanchité n’est pas simplement réductible à des personnes blanches; il s’agit d’un système hégémonique et suprémaciste qui confère une dominance aux Blanc.he.s. De plus, la blanchité normalisée et institutionnalisée est rarement reconnue par les personnes blanches, mais pour survivre à la violence de la suprématie blanche, les personnes racisées et autochtones ont souvent développé une connaissance remarquable de toute une variété de comportements, de systèmes, d’histoires, de pratiques culturelles blancs qu’ils et elles décrivent depuis longtemps, en détail, et souvent de façon critique. Dans cet article, je me penche sur plusieurs écrits dans lesquels des écrivains autochtones voient et nomment la blanchité de manière explicite. En mettant les savoirs et les théories diverses et autochtones au premier plan, mon objectif est non seulement de dévoiler un centre blanc non marqué pour le dénaturaliser, mais aussi, pour voir autrement. Et en situant la littérature québécoise et son analyse dans une perspective wendate, ou bien, depuis un point de vue innue, dans cette article, la blanchité devient un objet d’étude. Quelles sont les stratégies adoptées par les écrivain.e.s pour démasquer la blanchité, ses mensonges et ses ruses? Lorsqu’un.e écrivain.e autochtone fait vivre un personnage qui s’oriente vers, ou se détourne de, la blanchité, quels sont les contraintes ? Pour répondre à ces questions, j’examinerai la curiosité, la compassion et la colère qui informent des réflexions littéraires autochtones sur la blanchité.