SHS Web of Conferences (Jul 2012)
La productivité des ratures dans le travail de Ferdinand de Saussure
Abstract
Ce travail est centré surtout sur une analyse des manuscrits de Ferdinand de Saussure : Première Conférence à l’Université (cours d’ouverture) qui contient 30 feuilles, localisées et cédées par Mme. Marie de Saussure et organisées, classées et archivées à la Bibliothèque Publique de Genève, par Robert Godel. Cette première conférence, objet de notre intérêt, fait partie d’un ensemble plus important de manuscrits qui ont servi ce notes préparatoires pour les trois premières conférences de Saussure à Genève et marque son retour à la terre natale. Notre analyse se concentre sur les moments d’interruption du lisible provoqués par des hésitations de Saussure lors de l’écriture de son texte et a mis l’enjeu sur la productivité de telles hésitations. Outre cela, cette première conférence mérite notre attention par la façon dont Saussure a cherché à y construire un discours à propos de la linguistique et du rôle du linguiste à partir de la nature de son objet, qui ne lui paraît pas, non plus, éclairée. Notre analyse nous a permis de différencier trois groupes de ratures à partir des thèmes délimités par eux-mêmes. Le thème du premier groupe semble être cher à Saussure: la place des études du langage dans le cadre des sciences humaines ; le thème du deuxième groupe est très cher à linguistique, elle-même : la nature de son objet; dans le troisième groupe on a les questions qui concernent le général et le particulier dans l’approche de l’objet de la linguistique et finalement, on a ce qui semble être demeuré à l’ombre d’une élaboration dans ce manuscrit : la parole. L’analyse de ces trois groupes de ratures, qui gravitent autour de certains thèmes, nous a permis de pointer des moments de tension et/ou d’hésitation lors de l’élaboration des concepts qui devraient encore être définis, plus spécifiquement. Ce qui se présente, c’est la nécessité de définir ce qui a toujours semblé si imprécis à Saussure: la position du linguiste devant le langage et devant la linguistique en tant que science. L’analyse nous a aussi permis d’entrevoir des solutions à ces questions.