Revue de Primatologie (Jan 2016)
Etude des liens sociaux et de la hiérarchie d’un groupe de macaques de Barbarie (Macaca sylvanus) en parc zoologique, en vue d’une gestion de la population
Abstract
Le macaque de Barbarie ou magot (Macaca sylvanus) était autrefois très représenté en Afrique du Nord et en Europe. En une trentaine d’années, sa population sauvage a diminué de plus de la moitié. Les individus présents sont localisés dans des régions isolées. En parc zoologique, il existe depuis 2009, un ESB (European StudBook) pour cette espèce, cela permet de coordonner les transferts et favoriser le brassage génétique. Le maintien d’une population stable nécessite un certain nombre d’outils tels que le transfert d’animaux entre institutions ou la gestion de la reproduction par contraception, stérilisation (temporaire ou définitive), reproduction artificielle, etc. Le macaque de Barbarie est un animal qui vit en groupe multi — mâles/multi — femelles avec des liens sociaux et une structure complexes avec à sa tête un mâle dominant. Les femelles acquièrent leur statut par le système matrilinéaire classique. Cette étude a pour but de déterminer les liens sociaux entre les individus, étudiés au ZooParc de Beauval, ainsi que leurs statuts dans la hiérarchie. En effet, ce groupe s’agrandit d’année en année et la gestion des populations est essentielle pour le parc. Le transfert ou l’arrivée d’un individu modifie plus ou moins la structure sociale. L’objectif est d’évaluer les différentes options de transferts et/ou de contraception qui perturberaient le moins le groupe. Ce dernier est composé de 11 mâles (âgés de 3 à 26 ans), dont un dominant, 15 femelles (âgées de 3 à 16 ans), 8 jeunes (âgés de 1 à 2 ans) et 5 bébés (âgés de moins d’un an). Chaque magot a été pris en compte pour cette étude. Un système de reconnaissance par tatouage sur le visage a été mis en place afin d’identifier précisément chaque individu. Quatre observations majeures ont été faites. Lors des nourrissages, la position des individus par rapport à la zone centrale d’alimentation a été notée à l’aide d’une méthode de scan. Les durées de chaque comportement ainsi que les occurrences des comportements les plus brefs ont été notées, pour chacun des 39 individus du groupe, observés dix fois vingt minutes à l’aide de la méthode de focus. La localisation, de l’individu observé, a été suivie lors de ces focus. En outre, en début et en fin de chaque observation, les distances du primate observé avec ses partenaires ont été répertoriées. Les distances inter-individuelles ainsi que les comportements sociaux (affiliatifs ou agonistiques) permettent la création de sociogrammes. Ces derniers mettent en évidence 4 groupes distincts, composés de femelles, de jeunes et de quelques mâles avec beaucoup d’interaction et de proximité entre animaux. L’un des groupes semble avoir l’ascendant sur les autres, ses individus émettent plus de comportements de dominance. Quelques individus expriment un comportement qui ne permet pas de les rattacher à un de ces groupes. Le mâle dominant établi et identifié depuis longtemps ne semble plus jouer totalement son rôle. Certains comportements indiquent qu’il conserve une place importante dans le groupe. Il n’occupe pas l’espace comme les autres mâles, mais son âge avancé et de possibles douleurs articulaires peuvent l’en empêcher. L’ensemble des observations montrent que deux autres mâles tirent profit de cette situation et occupent cet espace. Cette étude a permis d’établir le sociogramme d’un groupe social complexe. Son utilisation permet d’envisager l’impact de n’importe quel scénario dans le cadre de gestion de cette population et gestion de la reproduction. Toutes les possibilités de transferts ont été étudiées : groupe reproducteur ou non, individu solitaire, mâle, femelle, jeune, etc. La structure sociale complexe de ce groupe est amenée à évoluer continuellement, l’étude serait donc à poursuivre et pourquoi pas à affiner avec une analyse génétique.Je remercie la direction du ZooParc de Beauval ainsi que l’association Beauval Nature de m’avoir permis d’effectuer ce premier stage d’éthologie avec des primates. Je remercie également les soigneurs du secteur magots qui étaient toujours disponibles pour répondre à mes questions : Pauline, Aurélie et Arnaud. En dehors de mon étude, je remercie toutes les personnes qui m’ont soutenu : ma famille, Caroline et mes colocataires.
Keywords