Cahiers Agricultures (Jan 2022)

Usage des pesticides et impacts sur la santé des applicateurs en zone cotonnière du Mali

  • Le Bars Marjorie,
  • Sissako Aliou,
  • de Montgolfier Alban,
  • Sidibe Yaya,
  • Diarra Abdourahamane,
  • Sagara Augustin,
  • Koita Ousmane

DOI
https://doi.org/10.1051/cagri/2022023
Journal volume & issue
Vol. 31
p. 24

Abstract

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Au Mali, le répertoire des pesticides utilisés en agriculture est vaste et les études de leurs impacts sur la santé sont rares. Des travaux de recherche sur les impacts des pesticides utilisés en productions cotonnière, céréalière et maraîchère sur la santé des populations méritaient d’être conduits. Cette étude a été menée dans trois villages du cercle de Kita (Madina Malinké, Banfara et Toufinko). Soixante pesticides, dont 17 herbicides et 1 insecticide non homologués par le Comité ouest-africain d’homologation des pesticides (COAHP), ont été identifiés. Les pesticides utilisés sur le coton sont formulés à partir de 20 matières actives, dont 5 (soit 25,5 %) interdites en Europe. Les pesticides destinés au maraîchage sont formulés à partir de 16 matières actives, dont 5 sont aussi interdites en Europe (soit 31,25 %), comme par exemple le profenofos, la bifenthrine et la flubendiamide. Au cours du suivi médical d’une cohorte de 244 applicateurs, plusieurs signes d’intoxications aigües (cutanée, orale, oculaire, gastrique) ont été observés sur nos trois sites d’étude pendant la période de pulvérisation, essentiellement avec les herbicides. Les cas d’intoxication orale et par inhalation sont les plus nombreux, observés chez 21,5 % des applicateurs en juillet, coïncidant avec le pic d’utilisation des herbicides à Madina Malinké. Des cas de toxicité et d’irritation cutanée ont été relevés chez 18,5 % des applicateurs en juillet, correspondant à un pic de pulvérisation des herbicides à Banfara. Dans les trois villages, les quantités d’herbicides utilisées sont plus élevées que celles des insecticides. L’utilisation d’insecticides à base de matières actives interdites comme le profenofos, la bifenthrine et la flubendiamide induit à long terme des risques d’infertilité, de perturbations endocriniennes et de maladies neurodégénératives. Le suivi de cette cohorte et l’utilisation de biomarqueurs permettra d’étudier le lien entre l’utilisation de certains pesticides et le développement de maladies chroniques.

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