Akofena (Sep 2024)

Le principe d’une éloquence sublime au cœur des lettres de Guez de Balzac

  • Agnès FELTEN

DOI
https://doi.org/10.48734/akofena.n013.vol.3.09.2024
Journal volume & issue
Vol. 03, no. 013

Abstract

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Résumé : Guez de Balzac possède une réputation ambivalente parmi ses pairs. Certains le reconnaissent comme un auteur de génie et d’autres pensent au contraire qu’il n’est pas digne de cette réputation prestigieuse. C’est bien involontairement qu’il crée une polémique célèbre au XVIIe siècle et qu’il froisse de grandes figures littéraires dans le seul but de proposer une nouvelle voie d’écriture. Cette polémique se trouve liée également à la querelle des Anciens et des Modernes, très présente et très marquante à son époque. Cette opposition entre deux tendances crée des tensions entre les écrivains. Ceux qui défendent l’Antiquité sont attaqués par les Modernes qui ont pour ambition de se délivrer du passé, de l’imitation, même si celle-ci n’est pas « un esclavage » (La Fontaine, « Epître à Huet », 1668 : 123), selon la formule de La Fontaine, elle demeure une notion controversée. Selon les Modernes, il est essentiel, pour écrire, de ne pas copier les auteurs qui ont précédé. Les pamphlets conçus contre Guez de Balzac sont particulièrement virulents et ne tentent de ne pas accorder de place à cet écrivain innovateur. Cette polémique autour des lettres concerne plusieurs domaines, notamment celui de l'éloquence. Guez de Balzac est persuadé de concevoir un nouveau style résolument moderne que tous devraient admirer. Pourtant il ne réussit pas à susciter l’adhésion de tous. Ce nouveau talent qui revendique paradoxalement le « génie romain » est mis à mal par de nombreuses piques destinées à discréditer sa posture ambitieuse et résolument moderne. Il affirme rechercher, de manière permanente, un nouveau type de prose. Comme Boileau, Guez de Balzac pourrait être considéré comme un des théoriciens du classicisme. Ils ont tous les deux en commun d’afficher leur volonté d’être mesurés, même dans « l’hyperbole », selon R. Zuber. (1995 : 102). Mais Guez de Balzac s’interroge aussi sur les principes de l'éloquence, qu’il admire chez Cicéron ou chez d’autres auteurs de l'Antiquité. Ainsi il affirme un idéal de pureté et il donne des leçons de beauté, tout en prônant une proximité avec l'atticisme ; il envisage de proposer une continuité en correspondance avec les critères esthétiques du classicisme ; c’est pourquoi il accorde de l'importance aux notions d'urbanité et d'honnêteté. Nous verrons en quoi les lettres de Guez de Balzac, par le biais de la polémique, constituent une sorte d’art poétique de l’éloquence sublime. Mots-clés : Guez de Balzac, sublime, polémique, poétique, esthétique