Modern Languages Open (Oct 2019)

« L’Écriture comme réécriture chez Chahan Chahnour/Armen Lubin »

  • Krikor Beledian

DOI
https://doi.org/10.3828/mlo.v0i0.222
Journal volume & issue
no. 1

Abstract

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Figure quasi emblématique de la littérature arménienne de la diaspora, grâce à sa production romanesque, membre des plus actifs du mouvement littéraire arménien de Paris entre 1929 et 1939, Chahan Chahnour (1903–1974) passe à la publication en français en 1942 lorsqu’il est hospitalisé dans un sanatorium du Sud-Ouest de la France. C’est là que naît le poète français sous le pseudonyme d’Armen Lubin. Chahnour/Lubin ne revient à la littérature arménienne qu’une dizaine d’années après, et continuera à écrire dans cette langue jusqu’à la fin de sa vie (1974). Cet aller-retour s’accompagne d’une pratique concertée de la réécriture. L’objet de cet article est d’étudier ce processus de création littéraire qui consiste à reprendre des textes journalistiques en prose déjà publiés afin de les retoucher, de les réélaborer et de leur donner une forme et une portée toutes nouvelles. Il s’agit là d’une reprise au double sens du mot : 'reprendre' ce qui fut écrit jadis et repriser les tissus déchirés du présent. On ne procèdera pas à l’examen des remaniements qui transforment un texte A en un texte B par ajout, soustraction ou simple correction: ce qui est en question ici c’est plutôt le ou les sens que les divers gestes de reprise revêtent pour un écrivain exilé, blessé dans son corps, s’essayant à une opération de sauvetage, en en faisant un art de la survie.