Trayectorias Humanas Trascontinentales (Dec 2019)
Entrées par effraction. May Ziade et Jocelyne Saab : Les mots et les images à l’usage de la « des-orientale »
Abstract
Le présent article se propose de réfléchir aux origines et aux configurations du féminisme arabe - « invisible » et « visible » (Margot Badran, 1995), à travers deux exemples qui, bien qu’ils soient historiquement et formellement éloignés, sont très représentatifs. Le premier, qui se situe dans la phase du féminisme invisible, est celui de May Ziadé (1886- 1941), considérée comme l’une des pionnières du féminisme dans le Monde arabe. Comment a-t-elle pu s’affirmer à une époque où l’on entendait peu ou pas du tout la voix des femmes ? En quoi consiste son engagement ? Quelles sont ses modalités et issues ? Ce sont des questions auxquelles nous essayerons de répondre en revenant sur son parcours et une sélection de ses publications (poèmes, articles de journaux, correspondance -principalement avec le poète Gibran Khalil Gibran). Un peu plus proche de nous, le second exemple -sis dans la période de la visibilité du féminisme- est celui de la réalisatrice, photographe et plasticienne franco-libanaise Jocelyne Saab (1948-2019). Nous nous concentrons sur quelques-unes de ses œuvres (une série de photographies et un film) pour comprendre au mieux, aussi bien son rôle dans la “démocratisation” de l’industrie du cinéma au Liban (et au Monde arabe) que son militantisme pour la cause des femmes. Il s’agit donc pour nous de découvrir un nouveau portait de la femme arabe- souvent cantonnée à une position de subordination, et de saisir par là même autant d’enjeux centraux pour le discours contemporain- qu’il s’agisse de l’interrogation sur la prise de parole subalterne qui commence timidement à se libérer essentiellement grâce aux réseaux sociaux, ou de la question de l’égalité entre les sexes, toujours d’actualité et ce, partout dans le monde.
Keywords