Lien Social et Politiques (Jan 2023)

Repenser les luttes pour l’accès à la terre dans la ville postindustrielle

  • Sara Safransky

DOI
https://doi.org/10.7202/1105093ar
Journal volume & issue
no. 90

Abstract

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Les politiques raciales et culturelles concernant l’accès à la terre et la propriété sont au coeur des luttes urbaines, mais ont reçu relativement peu d’attention de la part des géographes. Cet article analyse les luttes pour l’accès à la terre qui ont cours à Détroit, où plus de 100 000 terrains sont classés comme « vacants ». Depuis 2010, les urbanistes et les autorités gouvernementales ont élaboré des plans controversés dans le but de ruraliser les quartiers « vacants » de Détroit dans le cadre d’un programme d’austérité fiscale, ranimant d’anciennes questions de dépossession liée à la race, de souveraineté et de luttes de libération. Cet article se penche sur ces politiques litigieuses à travers l’examen des conflits provoqués par la proposition d’un homme d’affaires blanc de construire la plus grande forêt urbaine du monde au centre d’une ville à majorité noire. Je me suis intéressée à la façon dont les résidents, les agriculteurs urbains et les activistes communautaires ont résisté au projet en revendiquant les terrains vacants en tant que communs urbains. Ils ont fait valoir que ces terres sont occupées et qu’elles appartiennent à ceux qui ont travaillé et souffert pour elles. En combinant l’ethnographie communautaire aux idées de la théorie critique de la propriété, des études critiques de la race et de la théorie postcoloniale, je soutiens que les luttes pour la terre à Détroit dépassent les conflits sur la redistribution des ressources. Elles sont indissociables des débats sur les notions de race, de propriété et de citoyenneté qui sous-tendent les démocraties libérales modernes et les luttes actuelles pour la décolonisation.

Keywords