Ziglôbitha (Dec 2022)
La transfiguration de la réalité : exégèse du « Nguémisme » en Guinée Équatoriale
Abstract
Résumé : En 1968 la Guinée Équatoriale accédait à la souveraineté nationale et internationale après avoir élu son premier président, Macías Nguema Biyogo. Mais à la suite de l’échec du coup d’État du Ministre des Affaires Étrangères, Atanasio Ndongo Miyone, Macías Nguema devient un dictateur sans scrupules. Les onze ans de sa présidence sont qualifiés par les observateurs de « Nguémisme ». Mais en 1979, le président Macías Nguema est renversé par une junte militaire dirigée par un autre Nguema, le Colonel Obiang Nguema Mbasogo, l’actuel président de la Guinée Équatoriale. Cette sombre période historique mais riche en enseignements est fictionnalisée dans la littérature guinéo-équatorienne par les romans, Los poderes de la tempestad (1997) de Donato Ndongo-Bidyogo, Matinga, sangre en la selva, Se fue la independencia (2018) tous les deux appartenant à Joaquín Mbomío Bacheng et Áwala cu sangui (2000) de Juan Tomás Ávila Laurel. À la lumière de l’analyse du roman historique, théorisée par G. Lukacs, W. Scott ou encore Seymour Menton dont les romans revendiquent la démarche, la présente étude interroge les rapports ténus entre l’Histoire et la littérature d’une part et, le Nguémisme, un concept politique et historique et le Nguémisme littéraire dont l’un découle de la réalité et l’autre de la subjectivité auctoriale donc fictive. Le recours à un passé aussi sombre pour quoi faire ? Quels enseignements tirés de ce concept de Nguémisme ?, sont d’autres questions connexes que ce travail se propose de renseigner. En dépit d’un savant dosage historique dans les œuvres de fiction soumises à l’exégèse, le texte littéraire demeure une œuvre esthétique.
