Nuevo mundo - Mundos Nuevos (Oct 2016)

Les Guajiro, ethnie binationale transfrontalière ou nation amérindienne sans frontières ?

  • Eduardo Giraldo

DOI
https://doi.org/10.4000/nuevomundo.69718

Abstract

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Les Amérindiens Guajiro, ou bien les Wayuu, occupent la péninsule de la Guajira entre la Colombie et le Venezuela. Ils y sont décrits comme pêcheurs, bergers, marchands, pratiquants de la polygynie et de la polyrésidentialité. Leur système de filiation est matrilinéaire. Leur pouvoir politique est segmentaire ; pourtant la société apparaît hiérarchisée. Actuellement, il y a plus de 500.000 Wayuu entre les deux pays. Dans leur cas, les frontières entre mobilité et migration s'estompent, si on tient compte du fait qu'ils traversent une frontière territoriale entre deux États, mais sont toujours à l'intérieur de leur territoire ancestral « la Grande Nation Wayuu sans frontières ». Par ailleurs, l’approche classique des Amérindiens associe leurs sociétés avec les espaces ruraux. Dans l'imaginaire occidental, être amérindien signifie habiter dans les zones rurales ou la jungle. Les villes des Amériques fondées à partir du XVIe siècle sont de lieux où le monde européen, particulièrement l'hispanique a été transposé dans le continent. Mais des travaux sur les cultures populaires urbaines montrent que les racines Amérindiennes ne disparaissent pas dans les villes et dans les zones suburbaines du continent. Dans cette même perspective, en wayuunaiki, la langue des Guajiro, les notions d'« Amérindien » et d'« Occidental » correspondent aux notions de Wayuu et d'Alijuna. Pour la notion de « ville » il y a jipiapa Alijuna – soit « la terre des Occidentaux ». Or de façon contemporaine on constate leur présence, temporaire ou permanente, dans les villes depuis des années et à proximité ou non de leur territoire traditionnel. Il s'agit donc de confronter l'idée « de la grande nation wayuu sans frontière » dans le quotidien des Wayuu bilingues, principalement entre les villes de Maracaibo au Venezuela et de Ríohacha en Colombie. Dans cette même perspective, il s'agit de proposer un regard urbain ainsi que transfrontalier de ce peuple, à travers les deux villes qui se trouvent à proximité, pourtant, des deux pays différents. Des parcours, principalement entre les deux lieux, des entretiens non directifs, des conversations spontanées, ainsi que des documents sur place sont considérés, entre 2010 et 2011. Pour articuler une perspective hémisphérique, cette communication parle d'ailleurs de la frontière entre certains termes considérés comme opposés : ethnie/nation, Amérindien/Occidental, rural/urbain.

Keywords