Revue Nordique des Études Francophones (Nov 2023)

Les origines françaises d’un féminisme « anti-bourgeois » : la stratégie éditoriale de 'Framåt' (1886–1889)

  • Eloïse Forestier

DOI
https://doi.org/10.16993/rnef.105
Journal volume & issue
Vol. 6, no. 1
pp. 91–102 – 91–102

Abstract

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In this article, we argue for two distinct but complementary ideas. Feminism, as we understand it in Europe and North America, emerged from a collaborative and transnational construction that consolidated over the last two decades of the 19th century. The feminist movement underwent local political transformations, which also had transnational roots. The Swedish feminist periodical Framåt, published in the 1880s, is known as one of the main disseminators of the Nordic debate on morality and sexuality. However, Framåt’s fight for women’s rights went beyond the polemics that forged its success. It drew inspiration from abroad, to confirm Scandinavia’s role in the international movement for women’s emancipation. The following article illustrates this thesis with a Franco-Scandinavian case study. It looks more specifically at the strategy of the editor of Framåt (1886–1889), Alma Åkermark, who developed a Marxist-based socialist feminism open to working class readers, and inspired by the French movement. While her journal attracted a variety of radical opinions, Åkermark chose to establish the legitimacy of her cause by promoting the work of moderate French feminist Léon Richer, whose periodical Le Droit des femmes (1869–1891) was recognized for its longevity and international scope. Résumé Dans cet article, nous soutenons deux idées distinctes mais complémentaires. Le féminisme tel que nous le concevons en Europe et en Amérique du Nord est issu d’une construction collaborative et transnationale qui s’est consolidée au cours des deux dernières décennies du 19e siècle. Ce mouvement féministe général a ensuite subi des transformations politiques locales, qui ont également des racines transnationales. Le périodique féministe suédois Framåt, publié au cours des années 1880, est connu pour être l’un des principaux agents de diffusion du débat nordique sur la morale et la sexualité. Or son combat pour les femmes dépasse le cadre de la polémique sur laquelle il s’appuie. Il s’inspire de l’étranger, pour confirmer la place de la Scandinavie dans le mouvement international d’émancipation des femmes. Cet article illustre cette thèse à travers une étude de cas franco-scandinave. Il se penche plus précisément sur la stratégie de la rédactrice en chef suédoise du périodique Framåt (1886–1889), Alma Åkermark, qui développe un féminisme socialiste d’origine marxiste, ouvert à un public de classe ouvrière, et inspiré du mouvement français. Alors que son journal recueille des opinions diverses et des plus radicales, Åkermark choisit d’asseoir la légitimité de sa cause en s’alliant à la pensée du féministe français modéré Léon Richer, dont le journal Le Droit des femmes (1869–1891) est reconnu pour sa longévité ainsi que sa portée internationale. Mots-clés: Culture périodique; Suède féminisme; transnationalisme; 19e siècle; stratégie ditoriale

Keywords