Alternatives Rurales (Mar 2014)
Le prix de revient du lait au Maroc et ses implications pour l’avenir de l’élevage bovin
Abstract
Au Maroc, le prix de revient du lait est un enjeu important de l’élevage bovin, car la volatilité accrue des prix des intrants commence à malmener sérieusement sa rentabilité. Aussi, la présente étude vise à caractériser le prix de revient du lait bovin. L’analyse a été effectuée dans 86 élevages de sept régions et représentatifs de la diversité des situations d’exploitations de taille réduite. Les principaux coûts sont les charges alimentaires - fourrages et concentrés - (51,9 %), suivies des charges de main-d’oeuvre - familiale et salariée - (22,8 %) et des amortissements des investissements (16,5 %). L’étude montre aussi un prix moyen de revient du lait supérieur au prix « départ ferme » dans quasiment toutes les régions, impliquant un déficit économique de l’activité d’élevage (les ventes de bovins étant inclues dans la méthode de calcul utilisée). Quand les charges relatives à l’amortissement des investissements et la rémunération de la main-d’oeuvre familiale ne sont pas prises en compte, le prix de revient du lait devient inférieur au prix « départ ferme » dans quatre des sept régions. Cela implique toutefois une vulnérabilité sociale (pas de rémunération des efforts de la main-d’oeuvre familiale) et même financière, du moment que le renouvellement de l’outil de production n’est plus garanti. Au final, l’étude suggère que des tensions ultérieures sont à redouter dans la chaîne d’approvisionnement laitier, si les éleveurs n’arrivent pas à améliorer la rentabilité de leurs activités, grâce à une maîtrise accrue de la productivité ou à travers la révision à la hausse du prix du lait « départ ferme ».