M@GM@ (Jul 2012)

Günter Grass, peler l’oignon du souvenir

  • Aurélie Renault

Journal volume & issue
Vol. 10, no. 02

Abstract

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La publication en 2006 de l’autobiographie de Günter Grass, Pelures d’oignon, fait scandale : cet homme si engagé du côté des plus faibles s’est engagé volontairement dans la Waffen SS ! Cet aveu est difficile de la part de l’auteur. Il lui faut peler amèrement l’oignon du souvenir, multiplier les questions, cherchant alors des réponses pour comprendre son attitude d’alors, des réponses qui ne peuvent que le rendre coupable à ses yeux comme à celui de son lectorat. Aussi son pacte autobiographique tourne-t-il, pour l’essentiel, autour de la question du jugement. Il n’hésite pas à se dédoubler, faisant de son « Moi » passé un personnage que son « Moi » présent juge sévèrement. Les métaphores de la honte se multiplient, donnant lieu à un cache-cache entre les deux « Moi » de l’auteur qui ne va pas sans s’achever sur la victoire du « Moi » présent, lequel se dit coupable pour renforcer une thèse qui lui est chère, celle de la co-responsabilité : c’est l’ensemble du peuple allemand qui est co-responsable face au Mal nazi. Mémoire et Imagination se réconcilient au nom d’un engagement dont le présent prend acte.

Keywords