Conserveries Mémorielles (Dec 2009)
De la place du passé dans le présent : maladies vénériennes et mémoires collectives dans le Québec contemporain
Abstract
Faire ressortir la place du passé dans le présent, tel est l’objectif premier de cet article. Partant du fonctionnement de la mémoire biologique et de la mémoire individuelle, un regard est porté sur les modalités de construction des mémoires collectives. De là, une explication est proposée de la mise en œuvre de certains usages du passé dans notre présent – dans et par les médias d’aujourd’hui, à l’égard de l’épidémie de grippe espagnole de 1918 et de l’épidémie de syphilis qui terrifie l’Occident de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle. Mais une approche par les mémoires permet également d’étudier le présent d’un passé dans la perspective d’y trouver des manifestations, de toute nature, d’un « autre passé », telle une source inépuisable pour la mémoire, voire les mémoires collectives. C’est pourquoi, dans un premier temps, cet article s’arrête sur les représentations des maladies vénériennes comme « héritages du passé ». Ensuite, il se penche sur les usages du passé comme outils de prévention utilisés lors de la campagne antivénérienne. Puis, il montre en quoi le passé religieux des Québécois se reflète, et parfois se perpétue dans le présent en regard des soins de santé. Enfin, il étudie l’inscription de la campagne antivénérienne en tant que « devoir envers le passé » et « théâtre d’une nostalgie envers la France ».