Cybergeo (Jun 1999)

Organisation et structuration de l'espace : "les systèmes locaux d'emplois". L'exemple des Pyrénnées atlantiques

  • Monique Bourguet,
  • Jean-Pierre Jambes

DOI
https://doi.org/10.4000/cybergeo.5207

Abstract

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Nous utilisons continuellement des découpages du territoire national en partitions successives : régions, départements, zones d'emploi et communes sans laisser aux espaces que nous analysons la possibilité d'appartenir à plusieurs sous-ensembles. Ceci est particulièrement vrai de l'espace où se produisent les déplacements domicile-travail, ou migrations alternantes.Après avoir examiné les définitions successives des zones d'emploi, des zones d'aires urbaines, des bassins de vie, des unités territoriales et des pays, nous analyserons les inconvénients qu'elles présentent pour une analyse des migrations alternantes, en particulier l'obligation d'exclusivité pour une commune et d'appartenance unique à une aire centrée sur un pôle avec le corollaire de la continuité spatiale. Comme "tout acte de représentation" écrit Bailly (1992) est "un acte de création" et que "le réel, s'il existe, ne prend sons sens qu'en fonction de nos construits", nous allons proposer pour analyser les migrations alternantes et les bassins d'emploi une nouvelle approche plus ouverte apparentée à la notion de champ que nous nommerons : systèmes locaux pour l'emploi ou (SLE).Nous allons donc considérer l'espace communal comme soumis potentiellement à des champs d'attraction centrés sur chacun des pôles que l'on définira : les centres d'emploi. Une commune est soumise à plusieurs attractions possibles et les aires géographiques qui en découlent, pôle par pôle, peuvent se chevaucher. L'espace global, départemental par exemple, ne constitue plus une partition, une commune pouvant être dans le champ de bassins et de sous-bassins. La méthodologie a consisté à calculer pour chaque pôle et pour chaque commune attirée, l'attraction ou la probabilité d'être attirée comme la proportion d'actifs qui vont travailler dans le centre parmi l'ensemble des actifs qui vont travailler à l'extérieur.Appliqué aux Pyrénées-Atlantiques, ce type d'analyse a permis de mettre en évidence des emboîtements et inclusions de bassins, d'observer une formation en deux sous-systèmes bien distincts, l'un autour de Pau et l'autres autour de Bayonne avec une grande zone intermédiaire vide de migrants. Sauf pour les bassins industriels de forme linéaire, tous les bassins ont une forme aréolaire. Si les plus gros bassins ont cinq couches d'attraction concentriques, lorsqu'on descend dans la hiérarchie urbaine, les bassins d'ordre 2 sont inclus dans ceux d'ordre 1 : on passe à quatre couches et ainsi de suite jusqu'au bourgs-centres. Il y a très peu de chevauchements d'une couche sur l'autre, malgré la présence d'axes routiers privilégiés et de vallées montagnardes ; La frontière départementale constitue au nord comme à l'est une véritable frontière et la surdensité du Pays basque se lit dans les inclusions des bassins qui peuvent aller jusqu'à quatre niveaux.